Cinquante nuances de Grey, le premier tome d’une trilogie est sans conteste l'événement littéraire du moment. Écrits par l’auteure britannique Erika Leonard, mieux connue sous son nom de plume E.L. James, ces trois romans ont éveillé les passions, ou du moins la curiosité des lecteurs et de la presse spécialisée.
Voilà en effet des romans qualifiés d'érotiques écrits par une femme ! La gent féminine s'élèverait-elle enfin à la hauteur de l'homme, en se penchant pour admirer, comme une œuvre d'art, ce qui se passe en dessous de la ceinture ?
Pourtant, considérer E.L. James comme une pionnière serait faire peu cas de tous les auteurs féminins qui bien avant elle ont abordé la littérature érotique, notamment la très célèbre Marguerite Duras qui remporta un immense succès et le Prix Goncourt en 1984, avec son livre « L'Amant », une autobiographie romancée contant les expériences sexuelles et amoureuses de son adolescence dans l'Indochine des années 1930, livre qu'elle réécrira en 1991 sous le nouveau titre de : « L'Amant de la Chine du Nord ».
Pour en revenir à E.L. James, elle nous raconte l'histoire d’Anastasia Steele et Christian Grey. Anastasia est une jeune étudiante en littérature, belle, encore vierge malgré ses vingt-deux ans et assez timorée. Quant à Christian Grey, exemple type du prince charmant moderne, il est le bienfaiteur de l'université où étudie Anastasia, il est jeune, beau, plein de charme, talentueux et extrêmement riche.
Christian Grey n'a en réalité qu'un seul « défaut », il serait incapable de vivre une relation amoureuse en dehors d'une relation sadomasochiste. Ce penchant serait dû à son initiation quand, garçon à peine pubère, il vivait sous les charmes d’une femme dominante.
Contre toute attente, Christian Grey tombera amoureux de la jeune Anastasia, et le premier tome nous raconte, par la bouche de l'étudiante « victime », sa lente et incertaine conquête.
Si les premiers chapitres, écrits dans une écriture simple, légère et enlevée emmènent facilement le lecteur dans leur épopée érotique, le suspense se tarit vite une fois le secret du beau et talentueux Christian Grey révélé.
S'ensuivent alors de nombreuses pages où le riche éphèbe tente de dompter l'impétueuse Anastasia, allant même jusqu'à lui proposer un contrat pour encadrer leur relation, contrat minutieusement détaillé et qui fera l'objet de longues négociations entre la jeune femme et son amant, faisant soudain ressembler le roman au peu agréable registre d'un clerc de notaire.
Par la suite, on suivra la lente approche d'Anastasia, qui tel un papillon apeuré commence sa ronde autour de la flamme dangereuse, mais captivante de Christian Grey, une approche où alternent les refus et les acceptations, une approche dont l'issue semble certaine depuis longtemps et qui peine à captiver le lecteur exigeant.
Si le dialogue par courriel interposé peut-être agréable et surprendre au début du livre, son utilisation trop fréquente sur des dizaines de pages finit par alourdir le roman et en devient lassant.
Cinquante nuances de Grey, le récit d'une soumission consentie d'une femme qui accepte de devenir l'objet de plaisir d'un mâle dominant.
Cinquante nuances de Grey, ou l'histoire de la libération féminine par la soumission.